La colère et moi, on se connait bien.
J'ai passé la première partie de ma vie avec elle, jamais trop loin.
Parfaite cobaye puisque j'avais une estime de soi six pieds sous terre, la peur dans le ventre et le besoin d'être aimée, par n'importe qui ou n'importe quoi.
Un moment donné la Colère a convoqué sa copine la violence à venir se joindre à notre duo: on a fait un bout de chemin ensemble toutes les 3.
Quand elles s'exprimaient, elles prenaient place en moi comme une entité. Elles s'emparaient de mon corps et de mon esprit et guidaient mes paroles puis mes gestes.
La Colère s'amusait avec la Violence à mener mon expérience terrestre par monts et par vaux au-delà du possible ou de l'imaginable !
Et puis, j'ai été épuisée par tant d'expériences dans la face sombre de l'existence.
Je m'en suis progressivement éloignée, un jour à la fois, pendant ma trentaine.
Comme toute expérience (pour moi en tous les cas): quand une se termine, sa radicale opposée se présente à moi et j'embarque, comme pour soigner les cicatrices de la précédente.
Alors a commencé une existence entre spiritualité et guérison.
Intense dans mon besoin de douceur et de silence, j'en suis devenue malade aussi.
Devenir presque monastique alors qu'on baignait dans le drame: c'est un grand saut !
Comme quoi, tout revient toujours..... à l'équilibre.
Le monde des émotions est un Monde créé par nos pensées et suit le cours de notre évolution. Il se moule à nos valeurs ou à nos peurs.
Elles sont éternellement accessibles mais nous décidons d'en utiliser certaines et d'en rejeter d'autres, selon notre parcours.
La colère est revenue. Sans la violence qui elle, ne s'est jamais re manifestée.
Je pense que son utilité était désuète; elle s'est donc naturellement évaporée.
La colère est revenue mais plus mature.
Au lieu de m'étouffer au niveau de la gorge et du coeur, elle me poussait à crier et m'exprimer.
J'en ai dit des choses sous l'effet de la colère!
Je n'avais plus peur des conséquences qui impliquait la violence alors j'expérimentais même si de façon bancale la colère, sous sa nouvelle forme verbale.
Et puis j'ai commencé à comprendre comment elle fonctionnait et à quoi elle pouvait me servir.
Ça variait entre une satisfaction personnelle d'avoir fait sortir le morceau et de me sentir plus légère ensuite à une compréhension de son utilité comme énergie propulsive lorsque je figeais face à une situation.
J'ai finit par classer la colère en 2 sous-catégorie.
La colère intrusive (pour les autres) et la colère instructive (pour moi).
J'ai donc appris à ralentir mes pulsions de colère intrusive; ralentir non pas arrêter...
La colère intrusive est celle où je me dis, sans penser avant de parler.
Un groupe d'amis de confiance s'est créé avec le temps pour expulser le trop plein. On est d'accord qu'on a en commun un terrain sécuritaire, apte à comprendre que nos mots ne sont que les trop pleins de nos maux.
C'est là que ça sort quand ça doit !
Je dois avouer avoir beaucoup utiliser ce groupe de confiance mais que maintenant j'ai la place de celle qui accueille les maux des autres et apaise au besoin.
La colère instructive est maintenant une alliée.
Quand elle se présente, je l'accueille.
Quand elle entre en moi elle prend les commandes, mais je suis sur le siège du co-pilote : nous collaborons.
C'est alors que notre association me permet d'accéder à des niveaux que je n'aurais jamais osé regarder, encore moins atteindre. La colère peut être dirigée vers moi pour que je me bouge le cul et évacue les résidus de peur qu'il me reste ou vers un contexte / une personne.
Elle me donne du courage et de la force.
Elle m'aide à trouver les mots, à m'exposer, à m'exprimer.
La peur s'estompe quand la colère est là. Je ne fige plus, je saute, je fonce, j'agis !
La procrastination et le stress mental disparaissent quand vient le temps de collaborer avec la colère.
J'entends mes collègues, thérapeutes ou mêmes membres de ma famille me suggérer de ne plus user de colère et d'y aller avec mon coeur, de lâcher prise et de n'être qu'Amour. J'accueille votre bienveillance cachant si bien votre condescendance, mais je vous sais humain autant que moi et je souhaite de tout coeur que vous ne soyez pas en guerre avec la colère parce qu'elle existe et est à notre disposition probablement pour apprendre d'elle.
Je connais ce costume de Paix, d'Amour, d'optimisme et de Lumière. Je l'ai tellement porté...
Cependant, tant que la vie m'habite je reste ouverte à accueillir l'éveil et l'apprentissage de mes capacités émotives, fonctionnelles et spirituelles.
Donc, si une autre forme d'émotion propulsive et instructive se présente à moi et me fait découvrir d'autres sphères de cette existence pour une nouvelle forme de collaboration entre humains : je vous mettrai au courant, promis !
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